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CHAPITRE III

LE LYRISME ROMANTIQUE

I

L’action militante du romantisme devait se rapporter surtout au théâtre, que le chef de l’école considère dès le début comme le genre caractéristique et la forme culminante de l’art moderne ; mais ce qui marque l’avènement de la jeune génération, c’est l’élan spontané d’un lyrisme par lequel notre poésie fut tout d’abord renouvelée. Trois grands poètes présidèrent à cette renaissance, Lamartine, Alfred de Vigny et Victor Hugo.

Il en est un autre, beaucoup trop admiré par ses contemporains, un peu trop rabaissé depuis, auquel nous devons donner une place, en dehors du mouvement romantique, dont l’éloignent, non seulement son genre, bien qu’il en élargisse la portée, mais encore ses traditions littéraires et son tempérament moral.

Béranger commença par assujettir à une diction plus exacte et plus pure les grivoiseries de l’ancien couplet gaulois. Renonçant bientôt aux grands projets épiques et dithyrambiques que sa première jeunesse avait caressés, il se donna tout entier à la chanson, comme à la forme poétique qui s’accordait le mieux avec son talent délicat et vif, mais court et sans ampleur. Du moment qu’il se fut fait