Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire au XIXe siècle, 1900.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE AU XIXe SIÈCLE.

exquise l’art avec la nature, le sentiment de la réalité avec le goût de l’idéal. On peut dire après lui qu’il y a trouvé « un genre de poésie presque inconnu à notre littérature ». Fils d’un peuple chez lequel les coutumes conservent encore la distinction originelle des races primitives, il a pu être vrai sans cesser d’être poétique. Il a rendu les mœurs de son pays dans leur franche vérité, avec leur charme natif. Là il est Breton sans parti pris, sans effort, en suivant le cours naturel de son inspiration. Il donne pour scène à ses élégies les bruyères et les rochers de l’Armorique, une nature à la fois sauvage et gracieuse ; il leur donne pour muse une jeune paysanne, cette Marie aux élégances ingénues, à la gentillesse rustique, qui éveilla jadis le premier sentiment de son enfance songeuse, et dont le souvenir idéalisé lui inspire des vers d’une mélancolie infiniment tendre. Aux fleurs d’or que le poète a cueillies, nous préférons les fleurs de la lande ; et, parmi ces fleurs dos landes natales, celles dont il tresse une couronne pour le front brun de Marie exhalent entre toutes le parfum le plus pur et le plus doux.