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CHAPITRE V

LE DRAME ROMANTIQUE

Le romantisme avait eu tout d’abord sa poésie lyrique, spontanément éclose en dehors de toute doctrine, expansion naturelle d’une sensibilité vivement émue ; sa poésie dramatique fut, au contraire, l’application d’idées longuement élaborées, de théories en antagonisme formel et réfléchi avec celles qui avaient dominé notre tragédie classique. C’est au théâtre que les mots de romantisme et de classicisme prirent leur sens le plus précis, c’est le théâtre qui fut pour les deux écoles le vrai champ de bataille. Les novateurs sentaient bien que, pour gagner leur cause, il leur fallait s’établir en maîtres sur la scène. Là ils avaient en face d’eux les plus grands noms de notre littérature, un système dramatique parfait dans son genre et en intime accord, non pas seulement avec la société dans laquelle il s’était formé, mais encore avec le tempérament propre de notre race, telle que l’avaient façonné des siècles de culture classique. D’ailleurs, une révolution littéraire ne se fait point avec des élégies. Tout ce qu’il y avait dans la jeune école de force active et d’énergie militante se tournait vers le drame pour y chercher comme l’arène d’une victoire définitive.

Puisque le romantisme, n’étant au fond que le « libéralisme » dans l’art, visait à remplacer une « littérature de