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CHAPITRE II

LES PRÉCURSEURS DU XIXe SIÈCLE

Le classicisme eut sous Louis XIV sa période la plus brillante et la plus féconde mais, quoique le siècle suivant nous présente dès le début certains indices d’une rénovation plus ou moins prochaine, sa doctrine littéraire demeure celle qu’ont fait prévaloir les grands génies de l’âge antérieur. Certes, l’état moral de notre société a subi de sensibles modifications ; autant le xviie siècle est une époque de confiance et de quiétude, autant le xviiie témoigne de trouble, d’impatience, d’humeur agressive et batailleuse. Pourtant, quoiqu’il n’y ait plus entre l’esprit général du temps et les formes sociales l’accord intime qui est un des traits caractéristiques de l’âge précédent, ces formes n’en restent pas moins intactes, et souvent même c’est l’excès tyrannique de leur développement qui provoque contre elles une réaction. Les gens de lettres, auxquels on donne le nom significatif de philosophes, ne font que combattre des abus. Quant aux bases de la société monarchique, elles demeurent à l’abri de toute attaque. Les mœurs elles-mêmes ne se sont altérées que par un raffinement naturel. De toutes les institutions sur lesquelles le xviie siècle se reposait avec tant de sécurité, ce sont d’ailleurs celles de l’art et des lettres qui paraissent le plus solidement assises ; ni la raillerie irrévérencieuse, ni