touchantes histoires d’amour auxquelles la nature sert de cadre. Si cette idéaliste incorrigible n’a pas représenté les paysans avec la rudesse et l’égoïsme que leur prêtent nos romanciers contemporains, elle leur conserve du moins assez de leur rusticité native pour qu’ils restent vrais. Elle les connaît, elle les a pratiqués dès l’enfance, elle sait dégager en eux ce que leur dure et grossière apparence peut receler de tendresse ou même de distinction morale. Elle est par excellence le peintre des champs. Elle a ses traînes du Berry comme Bernardin ses mornes de l’Île de France et Chateaubriand ses forêts vierges du Nouveau-Monde. Les haies vives dans lesquelles on entend un battement d’ailes, les chemins sinueux qui serpentent capricieusement sous de perpétuels berceaux de feuillage, les fraîches prairies où se couche la vache aux grands beaux yeux songeurs, les terres grasses luisant au soleil d’avril, voilà son véritable domaine. Lassée des passions, déçue par les utopies, elle s’est réfugiée aux champs, et là un immense apaisement descend en son cœur. Elle est en communion perpétuelle avec la nature ; son regard doux et lent semble l’absorber à longs traits, et, spontanément, elle en rayonne autour d’elle la bienfaisante vertu.
À George Sand s’oppose l’école réaliste, dont Stendhal peut être considéré comme le premier représentant. Le réalisme, qui, dans la seconde partie du siècle, devait profondément renouveler toute notre littérature, s’y introduisit d’abord par le roman. C’est que le roman, s’il se prête à toutes les fantaisies, est aussi le genre littéraire qui s’approprie le mieux à la pointure de la réalité. La poésie vit d’imagination ; le théâtre est soumis à des lois d’optique spéciale : quant au roman, il peut, dans la pleine liberté de sa forme, rendre le tableau fidèle de la vie, telle que la note en toute sincérité un observateur précis et pénétrant.
Stendhal se rattache par certains côtés au romantisme. Les romantiques s’étaient posés en face du pseudo-classicisme comme les promoteurs d’une rénovation qui devait