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LE MOUVEMENT LITTÉRAIRE AU XIXe SIÈCLE.

tempérament propre qu’il a hérité de ses ancêtres, les circonstances spéciales qui ont présidé à son développement, le temps précis dans lequel ce développement s’est opéré. Quand elle se propose l’étude d’un ensemble social, ce sont bien les mêmes influences qu’elle cherche à déterminer ; mais, les étudiant pour constituer un groupe, — au lieu de s’attacher à ce qui caractérise la personne des individus qui entrent dans ce groupe, en les différenciant les uns des autres, elle recherche les traits qui, communs à eux tous, caractérisent le groupe entier. Comme, dans une classe, ou même dans un embranchement du règne animal, le même plan d’organisation se retrouve chez toutes les espèces, ainsi, dans une même race, dans une même atmosphère sociale et politique, dans une même période donnée, les individus les plus divers présentent tous un type générique plus ou moins modifié en chacun d’eux, mais qui les rapporte les uns et les autres à une même famille. C’est que les influences de la race, du milieu et du moment, qui diversifient les individus d’un même groupe, diversifient aussi les groupes entre eux ; plus les caractères qu’on examine sont généraux, plus les différences s’effacent d’un individu à un autre individu pour ne s’accuser que d’un groupe à un autre groupe ; et, de même, en généralisant toujours davantage, les différences s’effacent entre un groupe inférieur et un autre groupe du même ordre pour ne s’accuser qu’entre les groupes de cet ordre et un autre groupe d’ordre supérieur, jusqu’à ce que, nous élevant de plus en plus dans cette hiérarchie, nous arrivions à saisir la formule commune qui caractérise tout un ensemble de groupes.

Les influences héréditaires, considérées dans un seul homme, le distinguent de tous ceux qui n’appartiennent pas à la même famille, tandis que ces mêmes influences, considérées dans une race, la distinguent de toute autre race humaine. Ainsi, la race des Aryas, « transformée par trente siècles de révolutions, établie sous tous les climats, échelonnée à tous les degrés de la civilisation », n’en a pas moins conservé des traits qui lui sont propres et dans les-