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CHAPITRE V

LE ROMAN

Pendant la seconde moitié du siècle, le roman, qui déjà tenait dans notre littérature une place si considérable, en devient le genre le plus florissant et le plus riche ; c’est aussi celui qui exprime le plus complètement, grâce à l’infinie variété de ses formes, le caractère d’observation positive dont un réalisme universel marque toutes les productions de l’esprit contemporain. L’école « idéaliste » n’est guère plus représentée que par les survivants des générations antérieures ; tout ce que les générations nouvelles comptent de talents robustes et originaux, tous les romanciers dans les œuvres desquels elles se reconnaissent, réagissent contre le romantisme vieilli en substituant les faits aux fictions, l’expérience au lyrisme, les procédés de l’art « documentaire » aux suggestions de l’art intuitif.

Sous le nom de romans, Victor Hugo compose d’immenses poèmes. Il les date de Guernesey ; mais ce qui le garantit contre la contagion réaliste, ce n’est pas seulement l’exil, c’est encore et surtout le caractère d’un génie que ses facultés les plus essentielles rendent impropre aux minuties de l’analyse, et qui n’aperçoit la vie humaine qu’à travers le mirage d’épiques symboles. Remarquons cependant que