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CONCLUSION

Voici que notre siècle touche à son terme, et aucun symptôme ne permet de croire que les dix années qui lui restent doivent être marquées par quelque nouvelle évolution. L’esprit scientifique règne dans tous les domaines de l’activité intellectuelle, et le « réalisme », qui en est directement issu, dans toutes les formes de l’art.

La poésie ne prend plus, sur le déclin du siècle, qu’une bien petite part au mouvement littéraire. Pendant la période romantique, c’est d’elle que venait le branle. Une revanche de l’imagination et du sentiment contre l’analyse, voilà ce qu’avait été le romantisme : l’imagination et le sentiment firent alors de notre littérature tout entière une poésie. Le réalisme est, au contraire, essentiellement prosaïque ; et si quelques poêles y ont cherché leur inspiration, tantôt en essayant d’unir le lyrisme à la science, tantôt en décrivant la vie réelle avec une exactitude pittoresque, la plupart se désintéressent complètement de leur âge et n’ont d’autre préoccupation que celle des mots et des rimes. La poésie s’absorbe de plus en plus dans les curiosités et les vétilles de la facture. Incapable de réagir contre le courant qui entraîne notre époque, elle semble avoir renoncé à s’y associer.

Le roman est toujours le plus florissant de tous les genres comme celui qui s’approprie le mieux à l’esprit du temps. Il a pour instrument l’observation. Certe observa-