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Page:Pellissier - Voltaire philosophe, 1908.djvu/310

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POLITIQUE

il y a vingt-cinq commentaires sur la coutume locale, et, s’il y avait vingt-cinq chambres, il y aurait autant de jurisprudences. C’est peut-être une bonne affaire pour les avocats ; mais la justice ne sera bien rendue que le jour où tous les juges la rendront suivant les mêmes lois.

« La seule loi qui soit uniforme dans tout le royaume », c’est « l’ordonnance criminelle ». Or elle semble, à vrai dire, avoir uniquement en vue « la perte des accusés » (Commentaire sur le Livre des délits, etc., XLII, 469). Qu’appelle-t-on un grand criminaliste ? « Dans les antres de la chicane, on appelle grand criminaliste un barbare en robe qui sait faire tomber les accusés dans le piège, qui ment impudemment pour découvrir la vérité, qui intimide des témoins, et qui les force, sans qu’ils s’en aperçoivent, à déposer contre le prévenu ; s’il y a une loi antique et oubliée… il la fait revivre. Il écarte, il affaiblit tout ce qui peut servir à justifier un malheureux ; il amplifie, il aggrave tout ce qui peut servir à le condamner. Son rapport n’est pas d’un juge, mais d’un ennemi. Il mérite d’être pendu à la place du citoyen qu’il fait pendre » (Dict. phil., Criminaliste, XXVIII, 237).

Voltaire, nous l’avons déjà vu, réclame des garanties pour la liberté de la personne. Mais, quand un citoyen a été emprisonné, très souvent sans information préalable et sans formalités juridiques, quelle procédure suit-on ? D’abord, on ne permet au prévenu aucune communication avec personne, fût-ce avec un avocat, on le laisse tout seul, en proie à la terreur ; puis on l’interroge secrètement, on abuse contre lui du désordre de son esprit et du trouble de sa mémoire.