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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/14

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iii
fernand pelloutier

que de Montalivet, pair de France et ministre de l’Intérieur.

Fernand Pelloutier rompit, à l’exemple de son grand-père, avec les traditions familiales et marcha dans la voie que lui avait tracée celui-ci, malgré l’éducation cléricale que ses parents lui firent donner. Il fit en effet ses études primaires à Paris, chez les Frères de la doctrine chrétienne. Puis, ses parents ayant quitté Paris en 1879, à la mort du grand-père, pour aller s’installer à Nantes d’abord et ensuite à Saint-Nazaire, Fernand fut envoyé, en 1880, ainsi que son frère Maurice, au petit séminaire de Guérande. Ils y restèrent trois ans. Fernand, dont la complexion fut de tout temps faible, délicate, y contracta les germes de la maladie qui devait l’emporter plus tard. La nourriture y était médiocre et insuffisante, les soins nuls, l’hygiène déplorable ; les maîtres infligeaient, pour les moindres peccadilles, des corrections sévères qui dégénéraient en véritables mauvais traitements. Le jeune Pelloutier tenta par deux fois, mais sans succès, de s’évader ce mauvais lieu. Un jour, on trouva dans le pupitre de son voisin d’étude une diatribe violente contre les hommes d’Église, à laquelle il avait largement collaboré. Ce méfait le sauva de la griffe des prêtres : le principal coupable fut renvoyé, et on conseilla aux parents de Pelloutier de retirer du séminaire leur fils, élève insoumis et déjà imbu d’idées « subversives ». C’est ainsi qu’il put, de 1883 à 1886, achever ses études classiques au collège de St-Nazaire.