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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/16

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fernand pelloutier

laborer depuis sa première apparition, en 1885. Il fit appel, pour le seconder, à des écrivains connus appartenant à divers partis politiques : Caumeau, alors conseiller municipal socialiste de Paris, décédé depuis ; Brunellière, conseiller municipal socialiste de Nantes ; Vaillant, Landrin, Guesde, d’autres encore. Toute la cuisine du journal incombait à Pelloutier, rédacteur en chef d’une feuille qui… ne comptait pas un seul rédacteur. Aussi dût-il suffire à tout : la chronique locale et la chronique régionale, la politique intérieure et les événements du dehors, le mouvement maritime et commercial, tout, jusqu’aux moindres faits divers, était rédigé par lui. Sa plume incisive et mordante trouva encore l’occasion de malmener les autorités, dont il devint dès lors la bête noire. Leur animosité contre lui redoubla lorsqu’il fonda à Saint-Nazaire, avec quelques amis, l’Émancipation, section du Parti ouvrier français. La bourgeoisie, sentant que son règne est près de finir, est sans cœur pour tout ce qui n’est pas elle ; elle est surtout sans cœur et sans entrailles pour ceux d’entre ses fils qui, comprenant que son empire est désormais impossible, ont embrassé la cause de la révolution sociale. Ceux qui, nés dans son sein, l’ont abandonnée à cause de ses impuretés, sont d’avance désignés à ses coups : les persécutions des familles, celles des prétendus amis les accablent ; la misère les attend, la faim les étreint, la maladie, sinistre messagère de la caste délaissée, les enveloppe de toutes parts, et la mort, prématurément, les achève, comme