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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/17

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fernand pelloutier

pour donner raison à leurs bourreaux. C’est dans les villes de province surtout qu’il est grand le nombre de ceux que la bourgeoisie châtie ainsi à cause de leur sincérité et de l’indépendance de leur caractère, et ce sera son éternel déshonneur d’avoir appelé la mort à son aide pour ressaisir un pouvoir qui lui échappe. Depuis le jour où il devint membre du Parti ouvrier français, et surtout depuis le 3 septembre 1892 où, comme délégué des Bourses du Travail de Saint-Nazaire et de Nantes au Congrès de Tours, organisé par la Fédération des travailleurs socialistes de l’Ouest (parti broussiste), il fit voter la grève générale[1] (cette grève générale que le parti répudie et qu’en 1901 il répudiera encore), Pelloutier fut en butte à toutes les tracasseries, à toutes les persécutions, à toutes les misères[2]. Aussi, dans les premiers mois de 1893, il quitta Saint-Nazaire pour aller se fixer à Paris. Il ne

  1. Dès le 27 mai 1869 le journal l’Internationale, organe officiel des sections belges de l’Association internationale des Travailleurs, préconisait en ces termes l’idée de la grève générale : « Lorsque les grèves s’étendent, se communiquent de proche en proche, c’est qu’elles sont bien près de devenir une grève générale et une grève générale, avec les idées d’affranchissement qui règnent aujourd’hui, ne peut qu’aboutir à un grand cataclysme, qui ferait faire peau neuve à la société. »
  2. Il y eut à ce sujet une controverse véhémente, dans la Démocratie, entre Jules Guesde et Fernand Pelloutier, controverse sur laquelle crut devoir revenir Guesde, au lendemain de la mort de son adversaire, ce qui amena Eugène Guérard, dans la Voix du Peuple, à faire observer au « jésuite rouge » que Pelloutier n’était plus là pour lui répondre.