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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/18

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fernand pelloutier

tarda pas à se séparer du parti marxiste, séduit par les idées libertaires qu’il ignorait presque au fond de sa province et qu’il embrassa sous l’influence des écrivains et des camarades anarchistes qu’il eut l’occasion de fréquenter dès son arrivée dans la capitale au centre même du mouvement. Il chercha cependant sa voie pendant toute une année, tout en collaborant déjà à l’Avenir social de Dijon, et à l’Art social, de Gabriel de la Salle. Délégué par la Fédération des Bourses, où il était entré au commencement de 1894, au Congrès national ouvrier qui se tint à Nantes, au mois de septembre de cette année, il y soutint encore une fois la grève générale. L’ardeur qu’il apporta à la défense de ses idées attira sur lui l’attention. La presse ne le ménagea pas, elle l’attaqua au contraire d’autant plus violemment qu’il affirmait hautement son dédain des formules politiques et préconisait la lutte sur le terrain purement économique. Les fureurs des journaux ne parvenaient pas à le détourner de la voie qu’il s’était tracée ; il répondit à leurs criailleries par une brochure[1] : Qu’est-ce que la grève générale ? dont voici la conclusion : « Ou la grève générale est impossible, et il est stupide de la combattre, parce que la conspiration du silence la détruirait, tandis que les attaques la fortifient. Opposer une digue à un torrent, c’est accroître sa puissance dévastatrice ; élargir son lit, c’est le rendre inoffensif et le réduire aux proportions d’un ruisseau. Il en est de même pour la grève

  1. Écrite en collaboration avec Henri Girard.