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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/29

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fernand pelloutier

L’hiver de 1899 se passa pour le pauvre malade relativement bien, quoiqu’une toux incessante lui fût venue, résultant de la laryngite tuberculeuse que le surmenage, l’abus de la parole publique, peut être aussi l’abus du tabac, mais plus encore l’évolution du lupus, allant se loger par infiltration dans le larynx, avaient déterminée. Il n’en continuait pas moins ses travaux. Pendant toute l’année 1900, il fut absorbé par l’établissement du Viaticum ou secours de route, par la création de l’Office national ouvrier de statistique et de placement, par les préparatifs du Congrès de cette année et par la publication de son beau livre : la Vie ouvrière en France[1].

Ce qu’il souffrit pendant tout ce temps est vraiment inimaginable : des crises d’étouffement prolongées, des accès de toux irritants, des sueurs abondantes et continuelles l’affaiblirent de plus en plus. Appuyé sur sa canne, s’arrêtant, pour respirer, à chaque instant,

  1. Cet ouvrage, remarquable par sa documentation abondante et précise, fut en grande partie cause de sa révocation. Publié dans la Bibliothèque des sciences sociologiques, que dirigeait peu ou prou à cette époque M. A. Hamon, celui-ci, malgré l’interdiction formelle de Pelloutier, — interdiction dont il eut grand soin de ne rien dire aux éditeurs — fit suivre le nom de l’auteur de sa qualité d’enquêteur à l’Office du Travail (ministère du Commerce). Ce qu’avait prévu Pelloutier ne manqua pas d’arriver ; le gouvernement le destitua. Et lorsque M. A. Hamon apprit cette décision, il eut le cruel cynisme d’écrire à sa victime une lettre où il lui dit en substance ; « Mon cher ami, je regrette que vous soyez malade et sans position, mais je suis fort heureux d’apprendre que vous n’êtes plus sous la direction de Millerand. » Sans commentaires ?