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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/31

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fernand pelloutier

national. Nous avons conscience de la grande loi du progrès et nous n’avons pas le droit d’oublier ; nous croyons, avec Auguste Comte, que l’humanité compte plus de morts que de vivants et chaque fois que le travail, la misère ou la maladie fauchent dans nos rangs, nous retournons à notre œuvre plus forts et plus vaillants, parce que nous emportons avec nous les âmes de nos morts.

Au milieu de la vieille société que tant d’éléments gangrénés désorganisent de plus en plus, une seule classe, aux yeux de Pelloutier, était restée pure et digne d’intérêt : la classe populaire ; d’après lui, la société où nous vivons, et qui étale avec un orgueilleux cynisme ses plaies hideuses à la lumière du jour, ne sera sauvée et régénérée que par l’énergie et le courage des classes laborieuses et il avait voué aux déshérités toute son âme, tout son cœur. Il n’a eu de confiance et d’espoir que dans les masses populaires, et le peuple, qu’il a profondément aimé, n’oubliera pas son souvenir.

Admettant rigoureusement toutes les déductions de l’expérience et de l’observation, il ne permettait pas à son imagination de se lancer dans les rêves désordonnés du suprasensible ; son esprit était trop positif pour se laisser attirer par les mirages décevants de la métaphysique. Aussi est-il mort comme il avait vécu : sans maître et sans Dieu, en vrai libertaire.

Victor Dave