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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/32

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PRÉFACE


Dans les dernières années de sa vie, Fernand Pelloutier avait conçu le projet de faire profiter ses camarades de la grande expérience qu’il avait acquise dans sa pratique des organisations ouvrières ; il aurait voulu leur montrer ce qu’elles peuvent quand elles sont bien pénétrées de la portée de leur véritable mission ; il espérait convaincre les travailleurs qu’ils trouveront facilement parmi eux les hommes capables de diriger leurs institutions, le jour où ils cesseront d’être hypnotisés par les utopies politiques. Apprendre au prolétariat à vouloir, l’instruire par l’action et lui révéler sa propre capacité, — voilà tout le secret de l’éducation socialiste du peuple. Pelloutier ne songeait pas à apporter une nouvelle dogmatique ; il n’avait aucune prétention à devenir un théoricien du socialisme ; il estimait qu’il y avait déjà trop de dogmes et trop de théoriciens. Tous ceux qui ont fréquenté ce grand serviteur du peuple savent qu’il apportait dans l’accomplissement de ses fonctions un instinct singulièrement avisé des affaires et qu’il était vraiment l’homme qui convenait à la place que la confiance des Bourses du travail lui avait assignée[1]. Ses appréciations

  1. Voici en quels termes L. de Seilhac parle de Pelloulier dans sa grande compilation des documents sur le socialisme français : « Fernand Pelloutier mena la Fédération avec un talent et une sûreté de jugement auxquels ses ennemis les plus acharnés sont forcés de rendre hommage… La Fédération lui doit en grande partie ses rapides succès. » (Les Congrès ouvriers en France, p. 272, Colin, éditeur).