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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/34

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préface

par lequel le prolétariat devra s’émanciper. Que l’on supprime l’idée que l’auteur s’est construite de cet avenir du monde et la lutte des classes devient seulement la notion vague d’un antagonisme existant entre des groupe d’intérêts ; enfin toutes les déterminations de l’économie marxiste deviennent elles-mêmes inintelligibles. Tout, dans son système, est lié et dépend d’une idée révolutionnaire préconçue.

Dès que les théories subissent l’épreuve de la pratique, il devient difficile de maintenir cachées les hypothèses qu’elles comportent sur l’avenir ; les événements qui se sont déroulés dans les dernières années ont plus fait pour éclairer la vraie nature des diverses doctrines socialistes que n’auraient pu le faire vingt ans de discussion ; le jour où des socialistes ont possédé une parcelle de pouvoir, il est devenu facile de comprendre ce qu’ils entendaient par la destruction de l’État, l’émancipation des travailleurs, la lutte politique,  etc.

S’il y a une science sociale, elle doit nous apprendre à lire dans les tableaux historiques et nous amener à des conclusions pouvant servir dans la vie, en définissant exactement la valeur réelle de ces conclusions. Il ne faut pas espérer trouver jamais dans une philosophie de l’histoire des lois analogues aux lois du monde physique ; mais il serait déjà bien beau de découvrir des règles de prudence. « Ces règle, ai-je écrit ailleurs[1], ne nous disent pas ce qu’il adviendra… ; mais elles nous avertissent de certains dangers et nous tracent une route à l’abri de certains écueils reconnus… Ces règles ne valent pas pour tous les temps ; mais à chaque jour sa peine ; l’essentiel est qu’elles soient

  1. G. Sorel, la Ruine du monde antique, p. 22 (Jacques, éditeur).