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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/39

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préface

incontestable sur les autres armées, conduites suivant des règles pédantesques ?

On n’a pas bien compris toujours l’œuvre de Fourier parce que, le gouvernement n’étant pas explicitement mis au premier plan, on a vu en lui un libertaire ; mais on pourrait relever beaucoup de passages qui montrent que l’appui de l’autorité ne lui aurait pas répugné. Nous savons d’ailleurs que, dans toutes les organisations sentimentales, une discipline de fer s’impose d’elle-même : c’est ce que nous montrent les corps monastiques, les bandes sauvages,  etc.

Ces guerres eurent aussi une grande influence sur la propagation des idées saint-simoniennes. La France avait été comme une grande cité assiégée[1] et toutes ses énergies économiques avaient été réquisitionnées en vue d’assurer l’existence des citoyens ; l’État avait dû prendre, parfois, presque complètement en main la direction de la production. Sous Napoléon, l’administration militaire avait conduit des opérations auprès desquelles tout ce que faisait alors l’industrie était bien peu de chose. On devait se demander pourquoi on n’appliquerait pas aux arts de la paix le principe d’une direction unitaire qui avait si bien réussi dans la guerre. Il était certain que l’administration de la guerre avait été fort corrompue ; mais on rejetait cette corruption sur l’ignorance et l’incapacité de fonctionnaires improvisés : d’ailleurs, la gloire couvrait tout. Depuis que nous avons fait l’expérience des vastes conceptions de Freycinet et ainsi mis à l’épreuve les grands plans unitaires des hommes d’État et de science, nous savons que les administrations les plus éclairées sont incapables de concevoir et de mener à bonne fin un ensemble de travaux publics[2] :

  1. Lichtenberger, le Socialisme et la Révolution française, pp. 253 — 279 (Alcan, éditeur).
  2. Il n’y a plus que des professeurs d’histoire et de philosophie pour