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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/65

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préface

paraissait avoir donnée aux négociants la facile victoire des « soldats de l’ordre », ce n’était pas sans appréhension qu’ils tournaient leurs regards tantôt du côté de Allema-

    (1874), de Philadelphie (1876) sont unanimes à signaler le dommage que causa à l’industrie française l’expatriation des insurgés du 18 mars 1871.

    « … J’ai parlé, dit M. L. Cambrion, carrossier, des différentes catégories de travailleurs qui ont quitté leur patrie pour le nouveau continent et y ont porté toutes espèces d’industries dont la France avait le monopole dans l’univers entier et dont quelques-unes n’étaient pas où peu connues en Amérique au commencement de la seconde moitié de notre siècle. De ce nombre est la carrosserie, qui s’y est implantée sérieusement depuis cette époque, grâce à l’émigration volontaire ou forcée de ceux qui, à la suite du coup d’État de Décembre, purent échapper aux persécutions du pouvoir de l’époque. Ensuite les guerres étrangères et surtout la Révolution de 1871 eurent les mêmes résultats ; les conséquences en sont incalculables au point de vue industriel et de notre commerce d’exportation, qui a une tendance à péricliter de plus en plus surtout depuis que les derniers évènements auxquels je fais allusion ont obligé de nombreux ouvriers à quitter Paris… » (Délégation ouvr. libre à l’Expos. univ. de Philadelphie p. 49).

    « … Les diverses fluctuations politiques qu’a subies notre pays ont amené, à diverses époques, une certaine quantité de nos compatriotes à aller se fixer aux États-Unis. C’est ainsi que New-York et Newark, par exemple, ont compté et comptent encore un certain nombre d’ouvriers parisiens qui ont contribué à améliorer la fabrication américaine… (Ibid. (Chapeliers), p. 51.

    « … Puis, les persécutions politiques (qui) obligent un certain nombre de citoyens à chercher un asile sur cette terre hospitalière ; et, pour ne parler que de la France, qui ne se souvient de l’empressement des industriels étrangers, parmi lesquels se trouvaient des Américains, à embaucher ceux de nos collègues de différentes professions que les conseils de guerre mettaient en liberté, après un premier examen, lors de nos dernières luttes pour la revendication ?… » (Ibid. (Mécaniciens), p. 119).

    « … L’industrie (des États-Unis) a pris une extension considérable surtout depuis la Révolution de 1871, où des milliers d’ouvriers français, principalement des ouvriers parisiens, craignant de devenir les victimes de la contre-révolution triomphante, sont allés porter à l’étranger le secret de leurs industries. Tous les rapports constatent que cette émigration fut très funeste à l’industrie française et que le séjour des travailleurs expatriés a été assez long pour permettre aux capitalistes du Nouveau-Monde de créer, pour ainsi dire, des industries nouvelles et de jeter sur les marchés de l’Europe des produits pouvant avanta-