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Page:Pelloutier - Histoire des bourses du travail, 1902.djvu/68

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après la commune

pas inquiétées, s’accommodèrent du régime précaire qui les mettait à la merci d’un coup de force. Mais quand vint le temps où la France commença de respirer, où l’on put parler à voix haute d’association professionnelle, de représentation ouvrière au Parlement, de coopération, sans être suspecté d’avoir fusillé les otages, alors les chambres syndicales revendiquèrent des droits, réclamèrent d’abord la suppression des lois et décrets auxquels elles étaient soumises ainsi que la reconnaissance légale de leur institution, puis discutèrent et condamnèrent le projet de loi que venait d’élaborer à leur intention M. Lockroy, alors député des Bouches-du-Rhône, et enfin tinrent à Paris un congrès national.

Une délégation ouvrière, constituée sur l’initiative de la chambre syndicale ouvrière florale, venait de partir pour l’exposition universelle de Philadelphie. Un congrès ouvrier venait de se tenir à Bologne. Le 19 juin 1876, le journal la Tribune publia l’article suivant « Maintenant que la délégation ouvrière à Philadelphie a quitté la France, il est nécessaire qu’une nouvelle question soit mise à l’ordre du jour des travailleurs de Paris et de la province. Qu’est-ce que nos amis penseraient d’un congrès ouvrier qui se réunirait à Paris, en août ou en septembre, quelques semaines après le retour des délégués, congrès dans lequel on discuterait les bases d’un programme socialiste commun ?

« Nous nous contentons pour aujourd’hui d’émettre cette idée, qui nous est suggérée par le congrès de Bologne. Elle nous paraît, de prime abord, excellente, et nous sommes persuadé qu’un congrès ouvrier pourrait avoir sur l’émancipation économique de tout le prolétariat français une influence considérable. »

Cette proposition souleva dans la classe ouvrière un enthousiasme compréhensible devant le silence observé pendant les cinq années précédentes. De nombreux articles parurent à ce sujet dans la presse radicale ; des adhésions vinrent en foule de Paris et de province, et après quelques réunions tenues par les délégués à l’exposition de Vienne, les membres de la commission ouvrière pour l’exposition de