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LIVRE VIII, § XLIII.

au monde, si ce n’est toi, ne peut empêcher les actes propres de ton intelligence ; il n’y a ni feu, ni fer, ni tyran[1], ni calomnie, en un mot il n’y a rien qui puisse la toucher.

« L’âme, une fois Sphærus[2], reste tout arrondie. »

XLII

Je ne suis pas capable de me faire du chagrin à moi-même[3], moi qui n’en ai jamais fait volontairement à personne[4].

XLIII

Le plaisir de l’un ne ressemble pas au plaisir de l’autre. Le mien, c’est de maintenir toujours en santé l’esprit qui doit me gouverner[5], sans

    paragraphe précédent.

  1. Ni feu, ni fer, ni tyran. C’est sans doute une réminiscence des fameux vers d’Horace : « Nec vultus instantis tyranni. »
  2. L’âme, une fois Sphærus. Ce vers d’Empédocle est encore cité par Marc-Aurèle plus loin, liv. XII, § 3. Voir les Fragments d’Empédocle, vers 176, p. 5, édit. Firmin Didot. Le Sphærus, dans la doctrine d’Empédocle, est l’ensemble de l’univers, jouissant d’un éternel repos.
  3. Me faire du chagrin à moi-même. En me conduisant mal et en commettant quelque faute.
  4. Moi qui n’en ai jamais fait volontairement à personne. C’est une belle justice à se rendre à soi-même, surtout quand on est empereur.
  5. L’esprit qui doit me gouverner. La raison, qui doit s’effor-