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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

qu’il se détourne jamais[1], avec aversion ni d’un homme quelconque, ni d’aucun de ces événements auxquels est soumise l’humanité, de façon qu’il regarde toujours chaque chose d’un œil bienveillant, qu’il l’accepte[2], et qu’il l’emploie selon la valeur qu’elle peut avoir[3].

XLIV

Ne cherche à jouir que du temps qui t’est présentement accordé[4]. Ceux qui poursuivent avec le plus d’ardeur une gloire qui doit leur survivre[5], feraient bien de penser que ceux dont ils l’attendent seront absolument semblables à leurs contemporains d’aujourd’hui, qu’ils ont tant de peine à supporter. Ceux-là aussi sont soumis à la mort ; et dès lors, quel intérêt peux-tu avoir à ce que leurs voix retentissent en ta faveur, et

    cer avant tout de maintenir sa tranquillité parfaite, et son indépendance absolue du joug et du trouble des passions.

  1. Sans qu’il se détourne jamais. Voir plus haut, liv. II, §§ 13 et 17.
  2. Qu’il l’accepte. C’est la résignation et la foi aux décrets de Dieu, recommandées également par la philosophie et par la religion.
  3. Selon la valeur qu’elle peut avoir. Aux yeux de la raison, qui l’a d’abord examinée avec le soin nécessaire. Voir plus haut, liv. III, § 11.
  4. Du temps qui t’est présentement accordé. Voir plus haut, liv. II, § 14.
  5. Une gloire qui doit leur survivre. Voir plus