Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
330
PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXIII

Comme tu n’es toi-même qu’un complément du système entier que la cité compose[1], de même il faut aussi que chacun de tes actes tende à compléter la vie de la cité. Si donc une quelconque de tes actions n’a pas un rapport, soit direct, soit éloigné, avec le but commun de la société[2], cette action brise ta vie sociale, et en rompt l’unité ; elle est factieuse, au même titre qu’est factieux le citoyen qui, pour sa part personnelle, s’écarte de l’harmonie qui ressemble à celle-là et qui est si nécessaire au peuple.

XXIV

Fureurs d’enfants[3], jeux puérils, pauvres âmes chargées des cadavres qu’elles portent[4], toutes

  1. Du système entier que la cité compose. Il s’agit ici de la cité universelle, du système général des choses, et non pas seulement de la cité politique et sociale que les hommes forment entre eux.
  2. De la société. Universelle, qui comprend tout ensemble les hommes, les choses et les Dieux. Le sens de ce passage est déterminé par la fin même de ce paragraphe. Voir aussi plus haut, liv. IV, § 29, et liv. II, § 16, et spécialement liv. VII, § 9, sur les rapports de toutes les choses entre elles.
  3. Fureurs d’enfants. Cette apostrophe doit s’adresser à la vie en général, où les événements, quelque tragiques qu’ils soient, sont toujours si passagers.
  4. Chargée des cadavres qu’el-