Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Couat.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et te confiant pour l’avenir à la Providence, tu ne t’occupes que du présent et en disposes suivant la sainteté et la justice. Suivant la sainteté, afin d’aimer ton lot, car la nature l’a préparé pour toi et toi pour lui. Suivant la justice, afin de dire la vérité librement et sans ambages, afin d’agir selon la loi et selon la valeur des choses; afin de n’être arrêté ni par la méchanceté, ni par les jugements, ni par les paroles d’autrui. ni même par aucune sensation de la chair qui t’enveloppe, car cela n’importe qu’à ce qui en souffre. Si donc, au moment quel qu’il soit où il faudra partir, il se trouve qu’oubliant tout le reste, tu as respecté [uniquement] ton principe directeur et le Dieu qui est en toi, et craint non point de cesser de vivre, mais plutôt de n’avoir jamais commencé à vivre conformément à la nature, tu seras un homme digne du monde qui t’a engendré, tu cesseras d’être un étranger dans ta patrie, tu ne regarderas plus avec étonnement les événements de chaque jour comme s’ils étaient inopinés, tu ne seras plus suspendu à ceci ou à cela.

2

Dieu voit à nu toutes les âmes hors de leur vase matériel, de l’écorce et des souillures qui les recouvrent. C’est par son intelligence seule qu’il les atteint, et il ne s’attache qu’à ce qui émane et descend de lui en elles. Si tu prends toi aussi cette habitude, tu supprimeras en toi toute cause de tourment. Celui qui ne cesse de voir la chair qui l’entoure, de fixer son regard


i. [Sur l’attribution de la sensation au corps, cf. supra V, 26, avant-dernière note.] 2. [Cf. supra VII, 16, note 3.]

3. [Couat: « Si, au moment où tu seras près du départ, oubliant tout le reste, tu respectes ton principe directeur et le Dieu qui est en toi, si tu crains...» — Je considère comme nécessaire la lecture de M. Rendall, qui au subjonctif vévr, substitue l’indicatif yivn, seul correct après ôte S^iiotï. Dès lors, on ne peut éviter de tenir compte dans la traduction de la succession des passés Ti\ir\i7r,; et çoër,0r); (« tu a» respecté...», «tu as craint...») au présent yi’vi).]

li. [Couat : « ta conscience. »]

5. [Cf. injra XII, 26 : ô âxâaTOu voû; Oeô;.]

6. [Cf. supra IV, i4, note 2, p. 5G et 57.]

7. [Couat: « un étranger sans patrie. » — Cf. supra IV, 29.]

8. [Cf. supra VII, i, derniers mots; IX, iII; infra XII, i3, etc.j

9. [Couat : « hors de l’enveloppe de matière. » — Cf. infra XII, 8, 1" note.|

10. [à |ir,... ôsùv. M. Couat admet ici, après Morus, la suppression de la négation. On peut la conserver, à condition de regarder la phrase comme intirrogative: c’est le parti qu’a pris M. Stich dans sa seconde édition. Le sens qu’il obtient ainsi («Celui s