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Cependant de nombreux Indiens viennent saluer au passage les missionnaires. Ceux-ci profitent des jours où le bateau doit faire provision de bois pour visiter les villages. Le chef des lowas, ancien élève du P. De Smet à Florissant, veut le retenir dans sa tribu. Un vieillard de quatre-vingts ans, déjà chrétien, se prépare à la mort par une confession mêlée de larmes. Partout, l’accueil est plein de cordialité.

Sa visite aux Otoes permet au P. De Smet de s’initier à la vie sauvage.

« Le village se compose de quelques grandes cabanes en terre, abritant chacune une dizaine de familles, et de quelques tentes en peaux de buffle, remplies de vermine. Les femmes, vraies esclaves des sauvages, ont l’aspect le plus misérable. Quelques-unes sont aveugles, d’autres borgnes ; toutes paraissent extrêmement sales. Elles ont pour costume une jupe en peau de biche, descendant jusqu’aux genoux, une tunique, des guêtres et des souliers de même étoffe, le tout crasseux et noir, comme si cela leur eût servi d’essuie-mains depuis un siècle. Hommes et femmes portent aux poignets des bracelets en métal poli, et au cou cinq ou six colliers en porcelaine ou en verre.

» Je fus introduit dans la plus grande cabane. C’était celle du premier chef ou roi. La reine plaça un coussin de peau de cerf, luisant de crasse, sur une natte de jonc plus crasseuse encore, et me fit signe de m’asseoir. Ensuite, elle me présenta un plat de bois, grossièrement taillé, et une cuiller de même matière, qui paraissaient ne pas avoir été lavés depuis qu’ils étaient faits. Enfin, elle me servit un mets de sa composition, d’apparence dégoûtante.