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laisse jamais vaincre en générosité ; il récompense au centuple le plus léger sacrifice que l’on fait pour lui. Si nos épreuves sont grandes, nos consolations le sont bien davantage. Tous les jours, je remercie la divine Providence de m’avoir placé dans ces contrées ».[1]

Nombreuses et dures, en effet, étaient les privations dont souffrait la petite communauté de Council Bluffs. Aux fatigues du ministère s’ajoutait la nécessité de pourvoir à la subsistance de chaque jour. En sa qualité de médecin et de chirurgien, le Fr. Mazzella était presque constamment retenu auprès des malades. Le P. Verreydt et le P. De Smet devaient eux-mêmes couper leur bois, préparer leurs repas, raccommoder leurs habits. Encore manquaient-ils souvent du nécessaire. L’éloignement de Saint-Louis, la difficulté des communications, ne leur permettaient pas toujours de se ravitailler.

Au printemps de 1839, la détresse était extrême. Depuis des semaines, on était réduit à se nourrir de glands et de racines sauvages.

Enfin, le 20 avril, le bateau qui apportait les provisions est signalé. Aussitôt le P. De Smet part, avec deux chariots, pour recevoir ce qui est destiné à la mission. Une cruelle déception l’attendait. Au moment d’aborder, le bateau avait heurté un « chicot » et s’était brisé. Le missionnaire arrivait à temps pour le voir s’enfoncer sous les eaux. Une scie, une charrue, une paire de bottes, un peu de vin, furent tout ce qu’on put sauver. En face de ce désastre, le P. De Smet ne perdit rien de

  1. Lettre au T. R. P. Général. — ler déc. 1838.