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son habituelle sérénité. « La Providence, dit-il, nous était encore favorable. Avec la charrue, nous avons pu ensemencer un bon champ de maïs. Nous nous servons de la scie pour nous bâtir une meilleure maison, et pour agrandir notre église, déjà trop petite. Avec les bottes, je puis marcher dans les prairies et les bois, sans craindre la morsure des serpents. Le vin nous permet d’offrir à Dieu, tous les jours, le saint sacrifice de la messe, bonheur dont nous étions privés depuis longtemps. Nous nous sommes remis courageusement aux glands et aux racines jusqu’au 30 mai ».[1]

Quelles que fussent les rigueurs de la pauvreté, l’isolement était plus pénible encore.

À peine les missionnaires recevaient-ils, deux ou trois fois l’an, des nouvelles de Saint-Louis. Le P. De Smet avait l’âme trop sensible pour n’en pas souffrir cruellement.

Le 18 décembre 1839, il écrit au P. Pierre De Vos, son ami d’Alost, devenu maître des novices au Missouri : « J’ai reçu, au commencement de ce mois, votre lettre de juillet dernier. Je commençais à craindre que vous aussi n’eussiez remis votre réponse aux calendes grecques. Le croirez-vous ? depuis le mois de juin, j’ai écrit quantité de lettres à nos Pères et Frères, qui sont ce que j’ai de plus cher au monde. Eh bien ! j’ai reçu en retour, à part votre lettre, exactement cinq lignes. Que je serais heureux de pouvoir attribuer ce retard à la négligence de la poste ! Pour nous, qui sommes au bout du monde, loin de nos frères et de nos amis, au milieu d’étrangers et d’infidèles, dénués de tout, constamment témoins des

  1. À François De Smet. — 30 juillet 1839.