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scènes les plus révoltantes, chaque lettre que nous recevons est un vrai sujet de fête. Ah ! si l’on savait la joie et la consolation que nous apportent ces nouvelles, et combien, après les avoir lues, notre ardeur et notre zèle se raniment, je suis sûr que chacun voudrait contribuer à nous fournir ce secours ».

Notre missionnaire ne reçoit pas avec moins de joie les nouvelles de ses parents et amis de Belgique.

« Votre longue et agréable lettre, écrit-il à son frère, avec la belle petite de mon grand ami Charles, me sont parvenues au commencement de juin. Ce fut un vrai jour de fête pour moi. Je les ai relues plusieurs fois pour n’en pas perdre un seul mot ».[1]

Pour engager les siens à lui écrire souvent, il leur envoie force détails sur la vie qu’il mène à Council Bluffs, les mœurs des sauvages, les progrès de la mission. Il y a dans ces lettres un abandon, un enjouement, qui ne témoignent pas moins de sa force d’âme que de son inaltérable attachement à sa famille :

« Souvent ma situation actuelle me fait sourire, lorsque je pense à la manière dont j’ai vécu chez vous pendant quatre ans. Je n’ai ici qu’une pauvre petite cabane de quatorze pieds carrés, construite avec des troncs d’arbres fendus, et couverte de grossiers bardeaux, qui ne garantissent ni de la neige, ni de la pluie. L’autre nuit, comme il pleuvait à verse, j’ai dû placer mon parapluie ouvert au-dessus de mon oreiller, pour empêcher l’eau de tomber sur ma figure et de m’éveiller. Une croix, une petite table, un banc, une pile de livres, voilà tout mon mobilier. Un morceau de viande, ou quelques

  1. À François De Smet. — 30 juillet 1839.