C’est aujourd’hui une ville de 10 000 habitants. Les fossés qui l’enserrent, les canaux qui la sillonnent en font presque une de ces « Venises du Nord » au va-et-vient incessant et silencieux. L’industrie y est active ; on y maintient une nombreuse garnison ; mais la vie moderne a respecté les monuments et les croyances du passé. L’imposante collégiale avec ses fines boiseries, ses tableaux de maîtres flamands, sa Vierge séculaire ; l’hôtel de ville où le magistrat jurait de défendre les franchises ; l’antique beffroi qui égrène sur la ville les notes joyeuses de son carillon ; les madones au coin des rues, les couvents recueillis dans l’atmosphère brumeuse, le béguinage avec ses cellules blanches groupées autour de sa petite église — tout cela, c’est la Flandre d’autrefois, c’est son génie industrieux, sa fière indépendance et sa robuste foi.
La famille De Smet est de celles qui se font gloire de conserver intact l’héritage des vieilles mœurs. Depuis trois siècles au moins, on s’y transmet, avec le nom, l’énergie du caractère et la pratique rigoureuse des devoirs chrétiens.
Lorsque Jean De Smet, l’aïeul de notre missionnaire, se vit près de sa fin, il fit venir près de lui Josse, son plus jeune fils, et lui donna une solennelle et dernière bénédiction, à la manière des patriarches. La scène impressionna vivement le jeune homme qui, plus tard, aimait à la décrire devant ses propres enfants.
Josse De Smet était né à Saint-Amand-lez-Puers, dans la province d’Anvers, le 18 décembre 1736. Le 15 janvier 1761, il épousa Jeanne-Marie Duerinck, originaire des environs de Termonde. C’est sans doute alors qu’il se fixa dans cette ville.
Il était négociant-armateur et habitait, rue de