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le P. De Smet, ils prient encore en famille, ou bien chantent des cantiques. Ces pieux exercices se prolongent parfois bien avant dans la nuit ; et si, pendant le sommeil, quelqu’un s’éveille, il se met encore à prier[1].

Le dimanche, les exercices de piété étaient plus longs encore et plus nombreux. On sentait que le bonheur de ces humbles était de parler au Père céleste, et qu’aucun lieu du monde ne leur offrait l’attrait de la maison de Dieu.

« Le repos du dimanche est si religieusement observé, assure le missionnaire, que, même avant notre arrivée, le cerf le plus timide eût pu se promener en toute sécurité au milieu de la peuplade, lors même que, faute de nourriture, elle eût été réduite au jeûne le plus rigoureux. Aux yeux des Indiens, l’action de prendre son arc et de tirer une flèche n’eût pas été moins répréhensible que ne l’était, chez les Hébreux, le fait de ramasser du bois. Depuis qu’ils ont une idée plus juste de la loi de grâce, ils sont moins esclaves de la lettre qui tue, mais non moins attachés au fond des choses ».[2] À de pareils chrétiens, on pouvait proposer mieux que les pratiques communes de la religion. La mission existait à peine depuis quelques mois, qu’on y établissait des congrégations.

Bientôt l’élite du village se trouva répartie en quatre groupes, ayant chacun son règlement, ses dignitaires, ses jours de réunion.

  1. Aux Carmélites de Termonde. — 28 oct. 1841.
  2. Ibid. — Voir encore sur la mission Sainte-Marie les intéressants Mémoires du P. Mengarini, publiés dans les Woodstock Letters, novembre  1888, février et juin  1889.