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C’est une fertile et délicieuse vallée, qui va s’élargissant vers l’ouest, sur une étendue de plusieurs jours de marche. Çà et là, de sombres bosquets de pins et de cèdres émergent de la verte plaine. Au centre, un lac poissonneux, que traverse une jolie rivière. Au sud, à l’est et au nord, de hautes montagnes, couvertes de neige, qui semblent se perdre dans les nues.

Jadis, la petite tribu des Cœurs-d’Alêne passait pour une des plus barbares et des plus dégradées des Montagnes. Habitués à adorer les animaux, ces Indiens n’avaient aucune idée, ni du vrai Dieu, ni de leur âme, ni de la vie future. À peine avaient-ils conservé l’obscure notion de quelques préceptes de la loi naturelle, dont presque tous s’éloignaient dans la pratique.

Les premiers éléments du christianisme leur furent apportés vers 1830, sans doute par un Iroquois catholique.

Peu après, un terrible fléau s’abattait sur la tribu. Au plus fort de l’épidémie, un moribond entend une voix qui lui dit : « Quitte tes idoles, adore Jésus-Christ, et tu guériras ». Le malade obéit, et il est délivré de son mal. Il fait alors le tour du camp, raconte ce qui vient de lui arriver, et invite les autres malades à suivre son exemple. Tous le font et sont guéris.[1]

L’événement produisit sur les Cœurs-d’Alène une profonde impression. N’ayant personne pour achever de les instruire, quelques-uns retournèrent au culte des idoles ;

  1. Le P. Point, qui rapporte ce fait, ajoute : « Je le tiens de la bouche même de celui à qui la chose est arrivée. Il pleurait de reconnaissance en me le racontant. Son récit m’a été confirmé par des témoins oculaires ». (Cf. De Smet, Missions de l’Orégon, p. 243. — P. Point, Recollections of the Rocky Mountains, dans les Woodstock Letters, 1883, p. 153).