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Les chefs m’ayant témoigné le désir de m’entendre encore, je continuai l’instruction des hommes bien avant dans la nuit. À chaque demi-heure, je faisais une petite pause, pour laisser circuler les calumets et donner loisir aux réflexions. C’est durant ces intervalles que les chefs s’entretiennent sur ce qu’ils viennent d’entendre, et l’inculquent à leurs subordonnés.

Le matin, en m’éveillant, je fus surpris de voir ma loge remplie de monde. Les sauvages s’y étaient glissés dès avant l’aurore. Aussitôt, je me levai. Tous, à mon exemple, se mirent à genoux, et, ensemble, nous fîmes à Dieu l’offrande de notre journée et de notre cœur.

— Robe-Noire, me dit alors le chef, nous sommes venus ici de grand matin pour vous observer, car nous voudrions faire comme vous. Votre prière est bonne, nous voudrions l’adopter ; mais vous partez après deux nuits, et nous n’avons personne pour nous l’apprendre.

Je fis sonner la clochette pour la prière du matin, et promis au chef que tous la sauraient avant mon départ ».[1]

C’est alors que le P. De Smet imagine la méthode qu’il emploiera désormais pour apprendre les prières aux tribus.

Dès que les Indiens sont rassemblés, il fait ranger en cercle les enfants, leur recommandant de garder tous la même place à chaque réunion. Alors, il confie à la mémoire de chacun une phrase de la prière. Deux sont choisis pour l’Ave Maria, sept pour le Pater, dix pour les Commandements, et douze pour le Symbole des Apôtres.

  1. Lettre au T. R. P. Général. — Fourche de Madison, 15 août 1842.