Page:Pere De Smet.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’autorité, et diriger avec un remarquable succès l’éducation de ses enfants. Elle devait mourir à quarante-sept ans, un peu avant le départ du futur missionnaire[1]. Celui-ci lui garda toujours le plus tendre souvenir, et ses lettres parlent d’elle avec vénération.

Pierre-Jean ne tarda pas à montrer les dispositions qui le préparaient à son rôle providentiel. « Dès son enfance, écrit son frère François, il était doué d’une nature forte et vigoureuse ; il était hardi, entreprenant, sans crainte du danger ; avec cela, d’un caractère affectueux, doux, docile et surtout généreux »[2].

L’enfant avait un goût prononcé pour les jeux et les exercices corporels. Les plus violents, les plus dangereux même, semblaient l’attirer. Souvent on le voyait grimper aux arbres, et descendre prestement en s’accrochant de branche en branche. Il aimait surtout à gambader sur les bateaux qu’un bras de l’Escaut amenait jusque devant la maison paternelle. Un jour, voulant sauter d’une barque dans une autre, il fit un faux pas et prit un bain dans le fleuve. On le sauva à grand-peine. Le lendemain, insouciant du danger, il escaladait de plus belle chaloupes et canots.

Chaque matin, il racontait à la famille ses rêves de la nuit. C’étaient des histoires de vaisseaux, des descriptions de la mer, des récits de voyages et de naufrages. Alors son père disait :

— Que Dieu le protège ! Il sera ou soldat ou grand voyageur, mais il ne restera pas chez nous. Bientôt vint l’âge de s’instruire. Il y avait à Termonde

  1. Le 19 septembre 1819.
  2. Lettre au P. Deynoodt. — 23 décembre 1873.