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une école libre tenue par un laïque nommé Delauneau. C’est là que Pierre-Jean reçut les premières leçons.

On ignore si ses succès scolaires le firent remarquer parmi ses compagnons, mais on sait qu’il les surpassait tous en agilité et en vigueur physique. Ses exploits rappelaient, paraît-il, ceux du juge d’Israël vainqueur des Philistins. Pierre-Jean De Smet ne fut bientôt plus connu parmi ses condisciples que sous le nom de Samson, et on continua de l’appeler ainsi dans les divers pensionnats et collèges par lesquels il passa dans la suite.

Sa sœur Rosalie, plus âgée que lui de quatre ans, garda toujours le souvenir de cette enfance héroïque. « C’était une sorte d’Hercule que mon frère, répétait-elle soixante ans plus tard, un matamore faisant la terreur de ses compagnons de classe, fougueux au possible, batailleur et toujours à l’eau »[1].

Disons pourtant que, lorsqu’il déployait sa force, c’était d’ordinaire pour soutenir l’honneur de son camp, ou pour venir au secours de quelque condisciple trop faible pour se défendre.

Il lui arriva même de mettre sa belle ardeur au service de la religion.

Pendant une kermesse, des forains avaient établi leur baraque en face de l’église. Le dimanche, à l’heure de la grand’messe, ils commencent, au son des trombones, une parade grotesque. Quelque alléchant que fût le spectacle, les Termondois préférèrent assister à l’office. Mais les saltimbanques voulurent se venger de leur insuccès, et, pendant toute la messe, l’éclat des cuivres troubla les chants et les prières.

  1. Cité par M. Léon Van Mossevelde dans une lettre au P. Deynoodt, 1er décembre 1873.