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Un tel succès était dû, pour une large part, au zèle d’une admirable chrétienne, Louise Sighouin, baptisée en 1842 par le P. De Smet.

Fille du grand chef des Cœurs-d’Alêne, elle avait tout quitté, pour se dévouer au service des missionnaires.

— Je suis prête, disait-elle, à suivre les robes-noires jusqu’au bout du monde. Je veux apprendre à bien connaître le Grand-Esprit, à le servir fidèlement, à l’adorer de tout mon cœur.

Non contente de se montrer, par sa piété et sa modestie, le modèle de la tribu, elle passait chaque jour plusieurs heures à instruire les enfants et les vieillards, à visiter les pauvres, à soigner les malades. La vue d’un affreux ulcère l’ayant un jour fait reculer, elle se reprocha vivement sa faute, et, pendant deux mois, revint chaque jour panser la plaie, comme eût pu le faire une Sœur de Charité.

Elle ne craignait pas de s’attaquer aux désordres, et d’affronter les sorciers les plus fameux. Elle reprochait à ceux-ci leur imposture, les menaçait des jugements de Dieu, et les amenait, tremblants et contrits, aux pieds du missionnaire.

Lorsque le P. De Smet arriva chez les Cœurs-d’Alène, ceux-ci se préparaient à faire, dans quelques semaines, leur première communion. Jour et nuit, le camp retentissait du bruit des prières et du chant des cantiques. Tout ce qu’il voyait et entendait était pour le missionnaire un nouveau sujet de consolation. Avec quelle joie il aurait conduit à la table sainte ceux que, naguère, il avait régénérés par le baptême ! Mais la neige tombait depuis plusieurs jours. Il fallait au plus tôt traverser les montagnes qui le séparaient du pays des Têtes-Plates.