Page:Pere De Smet.djvu/244

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Il quitta donc la mission du Sacré-Cœur, accompagné de quatre Indiens qui devaient lui servir de guides jusqu’à Sainte-Marie.

Mais déjà la saison est trop avancée. La pluie et la neige ne cessent de tomber. Les eaux se précipitent des montagnes avec une abondance et une impétuosité toujours croissantes. Après huit jours de marche, il faut revenir sur ses pas.

« En une nuit, dit le P. De Smet, de petits ruisseaux étaient devenus de gros torrents, qui nous arrêtaient à chaque pas. Avec une infinité de peines, de culbutes et de plongeons, nous regagnâmes enfin la rivière Saint-Josse. Celle-ci avait crû de plus de dix pieds, et entraînait dans son cours de gros arbres, qui rendaient son passage extrêmement dangereux. Une fois, je disparus sous l’eau et sous ma mule. Toutefois, je ne lâchai pas ma bête, qui me traîna jusqu’à la rive opposée.

» Nous campâmes pendant la nuit au pied d’une grande croix, plantée par un chef indien. Il manquait encore quelques pieds d’eau pour que la rive fût débordée. Chacun s’endormit sans la moindre inquiétude ; mais, vers minuit, un de mes hommes, étonné de sentir ses deux jambes dans l’eau, mit la tête hors de sa tente, et donna l’alarme. Il était temps. Nous étions au milieu d’un lac immense ; la plaine était inondée sur une longueur de plusieurs lieues.


» Ici, comme dans bien d’autres circonstances, la paternelle providence de Dieu nous avait ménagé un secours. Deux canots avaient été laissés à l’endroit même où nous campions. Nous pûmes ainsi nous réfugier, avec armes et bagages, sur une colline, à deux milles de là. Je chargeai un Cœur-d’Alène d’aller à la mission faire