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connaître notre détresse. Deux jours après, cinq canots, conduits par deux chefs, vinrent à notre secours et nous ramenèrent au village ».[1]

Les Indiens semblaient se réjouir du contretemps qui leur avait rendu le missionnaire. Celui-ci, pourtant, n’avait pas abandonné son projet. Seulement, au lieu de traverser les montagnes, devenues infranchissables, il essaya de gagner Sainte-Marie par la vallée des Kalispels.

Il espéra quelque temps réussir. Mais pendant qu’il remontait la Clarke, la glace envahit la rivière. On était à la mi-décembre. Les Indiens, qui dirigeaient l’embarcation, déclarèrent que, vouloir avancer, c’était aller au-devant de la mort. D’autre part, le P. Mengarini écrivait qu’il avait failli lui-même être victime de l’inondation, et que douze chevaux avaient péri dans la forêt.

Alors seulement, le P. De Smet se décida à remettre au printemps sa visite aux Têtes-Plates, et à passer l’hiver chez les Kalispels. Les consolations qu’il y devait goûter allaient promptement lui faire oublier son sacrifice.

« Les Indiens, dit-il, mirent tout en œuvre pour m’assurer la meilleure loge du camp, et rendre mon séjour parmi eux aussi agréable que les circonstances et les lieux le permettaient.

» Le jour de Noël, 124 adultes devaient recevoir le baptême. Quelques minutes avant minuit, un coup de pistolet donna le signal dont nous étions convenus. Il fut suivi d’une bruyante décharge de mousqueterie, en l’honneur du Dieu-Enfant, et trois cents voix, s’élevant

  1. Journal de l’automne de 1844.