Page:Pere De Smet.djvu/246

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à la fois de la forêt, entonnèrent, dans la langue du pays, le beau cantique :


Du Dieu puissant tout annonce la gloire…


» Immédiatement, des flots d’adorateurs se pressèrent dans le modeste sanctuaire, fait de troncs d’arbres, de nattes et d’écorces. L’intérieur était tapissé de branches de sapin. Partout des guirlandes et des couronnes de verdure. Au-dessus de l’autel, décemment orné, brillaient des étoiles en papier de diverses couleurs, avec une profusion de rubans, si attrayants pour des yeux indiens,

» À minuit, je célébrai une messe solennelle, pendant laquelle les assistants chantèrent plusieurs cantiques en rapport avec la circonstance. Jamais ne se trouvèrent mieux réalisées les paroles du Gloria : « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ».

» Après la messe eut lieu le repas. La joie qui animait cette réunion la rendait semblable aux agapes des premiers chrétiens.

» Plus tard, les catéchumènes se présentèrent à l’église pour recevoir le sacrement de la régénération. Les vieillards, que j’avais baptisés deux ans auparavant, et qui avaient conservé intact le trésor de leur innocence, s’avancèrent en qualité de parrains et de marraines.

» Ce n’est pas en vain que le prêtre adresse aux sauvages les sublimes paroles du rituel : « Recevez la robe blanche, que vous porterez sans tache au tribunal de Dieu, pour jouir de la vie éternelle ». Il a la certitude que ces catéchumènes conserveront, pour la plupart, leur innocence jusqu’à la mort. Lorsque, plus tard, on leur demande s’ils n’ont pas offensé Dieu, si leur conscience ne leur fait aucun reproche, souvent on reçoit cette ré-