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s’élancer à la poursuite des Corbeaux. Ceux-ci sont forcés de se replier à plus de deux milles du camp. Leur nombre, toutefois, leur permet de soutenir la lutte jusqu’au coucher du soleil. Enfin ils se retirent en désordre, laissant sur le terrain quatorze morts et neuf blessés. Les Têtes-Plates n’ont pas perdu un seul homme.

Les femmes s’étaient distinguées dans l’action. L’une d’elles, après avoir poursuivi, la hache à la main, un groupe de Corbeaux, revenait en disant :

— Je croyais que ces grands parleurs étaient des hommes : ils ne méritent pas d’être poursuivis par des femmes.

Cet engagement arrivait à point pour faciliter la réconciliation poursuivie, depuis plus d’un an, par le P. De Smet. Un camp de Pieds-Noirs était établi dans le voisinage de Sainte-Marie. Peu à peu, les prévenances et la charité du P. Mengarini avaient eu raison de ces farouches natures. Le courage, l’heureuse fortune des Têtes-Plates devaient achever de les gagner.

Brûlant de venger le désastre essuyé l’année précédente, ils s’étaient unis à ces derniers pour repousser les Corbeaux. Aussitôt après la victoire, ils vont trouver le missionnaire.

— Pareil succès, disent-ils, ne peut être dû qu’à la prière. Tant qu’a duré la bataille, nous avons vu, chez les Têtes-Plates, les vieillards, les femmes et les enfants implorer à genoux le secours d’en haut. Nous aussi avons souvent pris part, matin et soir, à leur prière, et écouté