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part au dernier combat contre les Corbeaux, rapportent les faits dont ils ont été témoins dans le camp des Têtes-Plates. Ils vantent surtout la vertu du signe de la croix, qui leur paraît un gage assuré de victoire. « C’est vraiment aujourd’hui, écrit dans son journal le P. De Smet, l’Exaltation de la Sainte Croix ».

Par intérêt, autant que par considération pour la robe-noire, les terribles guerriers font trêve à leurs querelles, et reçoivent comme des alliés ceux que naguère ils traitaient en ennemis.

Le soir, Têtes-Plates et Pieds-Noirs récitent ensemble la prière. Le missionnaire a la joie de voir prosternés au pied de la même croix ces hommes que divisait une haine mortelle, et dont les cicatrices rappellent les sanglants combats. Tous invoquent « le Maître de la vie », le nommant pour la première fois leur Père commun, et semblent ne plus former qu’un cœur et qu’une âme.

Le lendemain était l’octave de la Nativité de la Sainte Vierge. « J’ai chanté la messe en plein air, écrit le P. De Smet, sous un dais de verdure, ouvrage des Indiens. J’ai imploré les bénédictions du ciel sur les peuples nomades qui parcourent ce vaste désert, priant Dieu de les unir par des liens de paix. Têtes-Plates, Nez-Percés, Pégans, Gens du Sang, Gros-Ventres et Pieds-Noirs, au nombre de plus de deux mille, entouraient l’humble autel sur lequel la Victime sans tache était offerte pour eux. L’heureuse union qui paraît animer les Têtes-Plates et les représentants des autres peuplades est vraiment sans exemple. On dirait que leurs anciennes querelles sont oubliées depuis longtemps. La chose est d’autant plus remarquable que, pour le sauvage, c’est comme un