Page:Pere De Smet.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

devoir de nourrir, jusqu’à la mort, des désirs de vengeance contre son ennemi »[1].

Le P. De Smet resta quelques semaines chez les Pieds-Noirs, en vue d’affermir leurs pacifiques dispositions, et de les préparer à recevoir l’Évangile.

La conversion de ce peuple offrait des difficultés qu’il n’avait pas rencontrées chez les tribus de l’Orégon. « Ce sont, dit-il, des sauvages dans toute la force du terme, accoutumés à assouvir leur vengeance et à se repaître de sang et de carnage. Ils sont plongés dans de grossières superstitions ; ils adorent le soleil, la lune, et leur offrent des sacrifices de propitiation et de reconnaissance. Tantôt ils se font dans la chair de profondes incisions, tantôt ils se coupent les phalanges des doigts.

— Je te fais la charité en te donnant mon sang, disent-ils à leur divinité ; fais-moi aussi la charité dans ma course de guerre, et, à mon retour, je te ferai hommage des chevelures arrachées à mes ennemis ».[2]

Malgré tout, le P. De Smet garde bon espoir. Déjà il a pu baptiser plusieurs enfants ; chaque soir, les sauvages accourent en foule à ses instructions ; tous semblent comprendre que les missionnaires sont pleinement dévoués à leurs intérêts. Le P. Point, qui a obtenu de si consolants résultats chez les Cœurs-d’Alène, restera chez les Pieds-Noirs, pour achever de les instruire, et fonder chez eux une mission analogue à celles qui existent de l’autre côté des Montagnes.

Mais les Pères ne suffisent plus à évangéliser les tribus de l’Ouest. Pour obtenir des hommes et des ressources.

  1. Lettre au P. Van de Velde. — Fort Lewis, 26 sept. 1846.
  2. Lettre au P. Van de Velde. — 27 sept. 1846.