Page:Pere De Smet.djvu/290

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le P. De Smet se dispose à reprendre la route de Saint-Louis. Il lui tarde d’ailleurs de rendre compte à ses supérieurs des progrès réalisés, et de donner à son œuvre la sanction de l’obéissance.

Le 28 septembre, notre missionnaire s’embarquait sur le Missouri. Monté sur un léger canot, avec deux compagnons seulement, il devait mettre deux mois entiers à franchir la distance qui le séparait de Westport.

Souvent il s’arrête pour visiter les employés des forts, les instruire et baptiser leurs enfants.

Ailleurs, ce sont des groupes d’Indiens qui l’appellent sur la rive. Refuser d’approcher serait les irriter, et s’exposer aux pires vengeances. Le meilleur parti à prendre, c’est d’obéir ; et l’on a rarement à se repentir de cette petite condescendance. On accepte le calumet, on donne de quoi le remplir, on échange de part et d’autre ses petites nouvelles. S’ils voient que vous êtes sans provisions, les sauvages s’empressent de vous donner les meilleurs morceaux de leur chasse ; puis l’on s’embrasse, et l’on se quitte amis »[1].

Un soir pourtant, nos voyageurs courent un véritable danger. Le feu du bivouac les a fait découvrir par une bande d’Aricaras, ennemis jurés des Blancs. Armés jusqu’aux dents, ceux-ci s’approchent sans être vus. Le chef, heureusement, connaît le P. De Smet ; à peine a-t-il aperçu la croix de cuivre qui brille sur sa poitrine, qu’il jette son casse-tête, court vers le missionnaire, l’embrasse en s’écriant :

  1. Lettre au T. R. P. Général. — St-Louis, 1er janvier 1847.