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— Ah ! que tu étais près de partir pour le pays des âmes ! Nous te croyions loin d’ici ; nous t’avons pris pour un ennemi.

On échange alors les marques d’amitié ; la soirée se passe en réjouissances. Avant de se retirer, les sauvages promettent solennellement qu’à l’avenir ils n’aborderont les Blancs que le calumet à la main.

Bientôt le P. De Smet entre dans le pays des Sioux. Au fort Look-Out, il réunit les principaux chefs. Il leur raconte la conversion des tribus des Montagnes, et sa récente visite aux Pieds-Noirs.

— Et vous, Sioux, dit-il en finissant, recevriez-vous la robe-noire qui voudrait habiter vos plaines et demeurer au milieu de vous ? Vos cœurs s’ouvriraient-ils à sa parole ? Suivriez-vous le sentier que Jésus-Christ, le Fils du Maître de la vie, est venu tracer sur la terre, et par lequel doivent marcher toutes les nations ?… Parlez, Sioux, j’écoute ; je porterai vos paroles aux grands chefs des robes-noires ; parlez les paroles de votre cœur. Les Sioux délibèrent quelques instants, puis le Grand Orateur se lève :

— Robe-Noire, dit-il, je parle au nom des chefs et des braves. Les paroles que tu nous dis du Maître de la vie sont belles ; nous les aimons ; c’est aujourd’hui la première fois que nous les entendons. Robe-Noire, tu ne fais que passer sur nos terres ; demain, nous n’entendrons plus ta voix ; nous serons, comme nous l’avons toujours été, des enfants qui n’ont point de père pour les guider, pareils aux animaux des prairies, qui ignorent tout. Robe-Noire, viens placer ta loge avec les nôtres ; mon cœur me dit qu’on t’écoutera. Nous sommes méchants, nous avons de mauvais cœurs ; mais ceux qui