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portent la bonne parole ne sont jamais venus jusqu’à nous. Viens donc, Robe-Noire, et les Sioux t’écouteront, et nos enfants seront instruits.[1]

Hélas ! l’hiver approchait ; déjà le fleuve se couvrait de glaçons. Il fallait au plus tôt regagner Saint-Louis. Le P. De Smet dut se décider à différer l’évangélisation de la peuplade, et se remit en marche pour rejoindre ses confrères.

Maintes fois le missionnaire se vit en danger de périr. À Westport, il congédia ses rameurs et prit la route de terre. Le 10 décembre, il rentrait à l’université.

Il y avait près de sept ans qu’il avait entrepris son premier voyage aux Montagnes. « Ses prodigieux travaux, ses pérégrinations, ses fatigues, ses dangers méritent, dit un écrivain américain, d’être placés au premier rang parmi les exploits de ce genre. Il a parcouru, avec les moyens peu rapides dont on disposait alors, une distance égale à plus de deux fois le tour du globe. Il a traversé presque tous les climats, et usé de tous les genres de locomotion. De l’été brûlant de l’équateur, il est passé, sous le 54° degré de latitude, à un hiver glacial. Il a voyagé en bateau à voiles, en steamer et en canot, en traîneau et en raquettes, à cheval et en charrette, et franchi à pied d’énormes distances. Les privations qu’il a endurées semblent à peine croyables ; c’est apparemment à cette époque que remontent les infirmités dont il souffrira plus tard »[2].

Si l’œuvre a été ardue, les résultats sont consolants. Déjà l’Orégon compte plus de vingt centres chrétiens.

  1. Lettre citée.
  2. Chittenden et Richardson, p. 57.