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et des Potowatomies. Chacune comptait une dizaine de jésuites, à la tête d’une florissante chrétienté. En qualité de socius ou assistant, le P. De Smet devait seconder le P. Elet dans son gouvernement, rédiger en grande partie sa correspondance, l’accompagner dans la visite des collèges et des missions.

Si cette charge ne confère guère de responsabilité, en revanche, elle impose des besognes peu variées, et laisse peu d’initiative. Dieu sait ce qu’il en coûta à l’ardent missionnaire pour se plier au rôle de secrétaire. « Je suis comme un soldat, écrivait-il à un ami. Lorsque je reçois des ordres, je vais là où je suis envoyé. Toutefois, comme un soldat, je puis avoir mes préférences, et je n’ai pas besoin de vous dire qu’elles sont décidément pour le pays indien ». Et encore : « Je regrette vivement les plaines, le désert et la vie des sauvages, avec leurs privations, leurs fatigues, leurs dangers. En vérité, c’étaient là des fêtes, en comparaison de la monotonie où je suis plongé ».[1]

Si la monotonie pesait au P. De Smet, on ne saurait toutefois accuser ses supérieurs d’avoir imprudemment présumé de ses aptitudes. Pendant les absences ou les indispositions du P. Vice-Provincial, il devra souvent prendre lui-même une décision, trancher une difficulté, donner un encouragement, parfois un blâme. Chaque page de sa correspondance révèle un jugement sûr, un esprit souple, une grande délicatesse de procédés.

Devant traiter avec des religieux de nationalités diverses, il s’applique à leur inspirer l’unique souci de la plus grande gloire de Dieu. « Le monde où nous vivons,

  1. Cité par Chittenden et Richardson, p. 58.