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s’habitue à la solitude ; on finit même par l’aimer. Elle donne de l’essor aux facultés : l’intelligence devient plus vigoureuse, les idées naissent plus rapides et plus claires. On se sent porté à la prière, à la méditation, à la confiance en Dieu ; on songe davantage à Celui qui seul est notre refuge et pourvoit à tous nos besoins ».

Après avoir traversé le Yellowstone, la caravane entra au cœur du Grand-Désert. Le sol rocailleux offrait à peine aux montures quelques touffes d’herbes. Le manque d’eau faisait cruellement souffrir hommes et bêtes. D’insupportables moustiques obligeaient les voyageurs à se couvrir les mains et le visage. Il fallait, avec de lourds chariots, tantôt escalader des rochers, tantôt franchir de profonds ravins.

Enfin, le 2 septembre, on arriva sur la grande route du Pacifique. « Cette immense avenue, écrivait le P. De Smet, est semblable à une aire constamment balayée par le vent, où le moindre brin d’herbe ne pourrait pousser, tant elle est, sans relâche, foulée sous les pieds des Européens et des Américains qui se rendent en Californie. Les sauvages, qui n’avaient vu d’autres chemins que des sentiers de chasse, pensaient, en voyant cette route, que toute la nation des Blancs avait passé par là, et que le vide avait dû se faire dans les contrées où se lève le soleil ».[1]

Huit jours plus tard, on atteignit le terme du voyage. Le P. De Smet fut reçu par le surintendant des Affaires Indiennes, qui lui offrit l’hospitalité pour toute la durée des négociations.

  1. Lettre du P. De Smet au Directeur du Journal de Bruxelles, 30 juin 1853.