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province, le P. De Smet n’a que peu de temps à donner au ministère. Il trouve pourtant le moyen d’agir encore sur les âmes, et détermine à Saint-Louis d’importantes conversions.

Sa sollicitude va d’abord aux émigrants. Lorsque, traversant le port, il reconnaît les cheveux blonds, le teint vermeil, le clair regard de l’habitant des Flandres, lorsqu’il entend parler le rude idiome des aïeux, il s’approche, se fait connaître, s’informe du voyage, demande des nouvelles du pays. Il offre aux nouveaux venus secours et encouragements, les aide à s’orienter dans leur nouvelle patrie ; surtout, il leur recommande la fidélité aux devoirs religieux, et leur dit où ils trouveront un prêtre chargé de pourvoir régulièrement à leurs besoins. Pour beaucoup, l’exode a été douloureux. Le navire qui les transportait ressemblait assez aux négriers. Entassés pêle-mêle dans l’entrepont, sans air, souvent sans pain, ils périssaient en foule, dix sur cent à bord des vaisseaux américains, trente sur cent à bord des vaisseaux anglais.

Ceux qui avaient survécu devenaient, à leur débarquement, la proie des entrepreneurs de transport. « Souvent, écrit le P. De Smet, il passe ici, dans une seule semaine, de deux à trois mille Européens, qui vont s’établir plus avant dans les terres. Tous les bateaux en sont encombrés, et l’on peut dire, sans exagération, que chacun a enterré de quinze à vingt personnes, souvent plus, entre la Nouvelle-Orléans et Saint-Louis ».

Encore peut-on s’étonner de ne pas compter plus de victimes. « Imaginez-vous, au nombre de plusieurs centaines, des hommes, des femmes, jusqu’à des enfants de quelques mois, entassés derrière les chaudières, sur un