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sanctuaire, dédié à sainte Anne, s’élève rapidement, et, le 27 juillet 1856, est consacré par l’archevêque, Mgr Kenrick.

Au travail extérieur, le zélé prêtre joint une action plus intime. Sa correspondance révèle un directeur très attentif au progrès des âmes et soucieux de leur perfection. Avec prudence et délicatesse, il interprète, il applique à leurs besoins les maximes de l’Évangile et la doctrine des saints. Il n’est pas sans intérêt de voir un homme, dont la vie s’est si peu prêtée à l’étude des mystiques, citer des auteurs comme le Père Surin. Quant à l’estime qu’inspire sa vertu, on en peut juger par ce mot de Mme Duchesne : « Il faut que Dieu soit bien bon, puisqu’il me donne auprès de lui un tel intercesseur ».[1]

Le prestige de ses travaux, la dignité de sa vie, le charme de ses manières, permettent au P. De Smet d’agir sur les protestants, aussi bien que sur les catholiques. Le 22 avril 1854, il écrit en Belgique : « Depuis la nouvelle année, j’ai baptisé six protestants, parmi lesquels un avocat et une cousine du président Taylor, femme de l’ex-surintendant des pays indiens. J’ai, de plus, converti un franc-maçon. En ce moment, je prépare encore une vingtaine de protestants à recevoir le baptême ».

Ces quelques lignes donnent une idée de ses succès. Mais nulle conversion ne devait être plus remarquée que celle de Randolphe Benton, fils unique du sénateur Thomas Benton, l’un des personnages les plus en vue aux États-Unis.

C’était un jeune homme de vingt-deux ans, riche de tous les dons. Élevé dans le protestantisme, il avait

  1. Baunard, Madame Duchesne, p. 485.