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Si l’on ajoute, à ces causes de destruction, les maux engendrés par l’immoralité des Blancs, on comprendra qu’en dix ans la population indienne de la Californie soit tombée de 100  000 à 30  000 âmes.

Remontant la vallée du Columbia, les chercheurs d’or avaient occupé le pays des Cayuses, des Wallawallas, des Nez-Percés, des Yakimas, des Spokanes. Bientôt ils atteindraient les réductions. Que deviendrait alors l’œuvre du P. De Smet ?

La mission Saint-Paul-Colville, fondée chez les Chaudières en 1845, avait pris, sous la direction du P. De Vos, un rapide développement. Elle comptait au moins 1 000 sauvages baptisés, tous fidèles aux pratiques chrétiennes. À partir de 1855, l’aspect des choses changea. Les Blancs s’emparèrent des terres qu’on avait commencé à cultiver. Le village, livré à la débauche et à l’ivrognerie, devint le théâtre des pires excès.

Le P. Vercruysse, arrivé depuis six ans à Colville, écrivait en 1857 : « Depuis qu’une foule d’étrangers se rendent aux mines, on ne reconnaît plus les Indiens. Gâtés par les mauvais discours et les mauvais exemples, ils ne nous écoutent plus. Le chef ne met plus le pied, ni à l’église, ni chez nous. Jeu, vol, commerce illicite, divorce, sorcellerie, recommencent, à peu de chose près, comme avant l’arrivée des Pères. Il n’y a point d’espoir de les ramener, si ce n’est par une absolue séparation des Blancs ».[1] — « De la part des Indiens, ajoute le missionnaire, ce n’est pas méchanceté, mais légèreté et

    les tribus indiennes. J’ai souvent entendu discuter quel serait, dans ce but, le meilleur expédient ». Julius Froebel, cité par Marshall, Les Missions Chrétiennes, t. II, p. 438.

  1. Lettre au P. Broeckaert. — Colville, 13 novembre 1857.