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sottise. Leur cœur est bon. Seuls avec nous, ce seraient des anges ».[1]

Pendant trois ans au moins, les PP. Vercniysse et Ravalli disputèrent aux étrangers l’âme de leurs néophytes. « C’est un plaisir d’être ici, écrivaient-ils, mais pour l’amour de Dieu et le salut des Indiens ; sinon, un jour nous semblerait un siècle ».

Enfin, il fallut se résoudre à quitter la mission. Dans les derniers jours de 1858, les Pères, avec quelques chrétiens restés fidèles, se retirèrent chez les Cœurs-d’Alène. La mission du Sacré-Cœur, dirigée par le P. Joset, commençait elle-même à souffrir du voisinage des émigrants. Plusieurs chrétiens avaient repris l’habitude du jeu, et cessé de fréquenter l’église. Aux dernières Pâques, la moitié seulement s’étaient approchés des sacrements.

— Vous dites que la religion des Blancs rend les hommes meilleurs, disaient-ils aux missionnaires, et les Blancs que nous voyons sont plus méchants que nous.

Cependant les Indiens n’avaient pas, sans résistance, laissé envahir leur territoire. Ceux de la Californie d’abord, puis ceux du Bas-Oregon, s’étaient maintes fois livrés à de terribles représailles.

Désirant rétablir la paix, les États-Unis avaient offert, en 1855, d’acheter les terres comprises entre le Willamette et le pays des Pieds-Noirs. Les tribus, se retirant vers le nord, n’auraient plus à craindre les vexations des émigrants. Mais déjà les Indiens avaient été trop souvent trompés pour croire encore à la bonne foi des Blancs. Loin d’accepter la proposition, les Cayuses, les Yakimas, les Nez-Percés, les Palooses excitèrent contre les étrangers

  1. Au même. — 13 juin 1859.